SCUM manifesto (vf / 27min / 1976)

Lecture mise en scène par Carole Roussopoulos d’extraits du texte incendiaire de 1967 « SCUM Manifesto » de Valérie Solanas (1936-1988), qui jouera une influence majeure dans la constitution d’un féminisme radical.

Valerie Solanas

Delphine Seyrig, dans une mise en scène très minimaliste, lit des extraits du pamphlet féministe de Valérie Solanas « SCUM Manifesto » (Society for Cutting Up Men – société pour mettre les hommes en pièces), à l’époque introuvable en France…
En renversant la violence du discours social sur les femmes pour le diriger contre les hommes, Solanas dévoile avec violence la nature de la domination masculine : le patriarcat comme terrorisme.

La brochure intégrale de SCUM Manifesto est disponible ici.

La préface de Christiane Rochefort :

Définition de l’opprimé

Il y a un moment où il faut sortir les couteaux.
C’est juste un fait. Purement technique.
Il est hors de question que l’oppresseur aille comprendre de lui-même qu’il opprime, puisque ça ne le fait pas souffrir : mettez-vous à sa place.
Ce n’est pas son chemin.
Le lui expliquer est sans utilité.
L’oppresseur n’entend pas ce que dit son opprimé comme un langage mais comme un bruit. C’est dans la définition de l’oppression.
En particulier les « plaintes » de l’opprimé sont sans effet, car naturelles. Pour l’oppresseur il n’y a pas d’oppression, forcément, mais un fait de nature.
Aussi est-il vain de se poser comme victime : on ne fait par là qu’entériner un fait de nature, que s’inscrire dans le décor planté par l’oppresseur.
L’oppresseur qui fait le louable effort d’écouter (libéral intellectuel) n’entend pas mieux.
Car même lorsque les mots sont communs, les connotations sont radicalement différentes. C’est ainsi que de nombreux mots ont pour l’oppresseur une connotation-jouissance, et pour l’opprimé une connotation-souffrance. Ou : divertissement-corvée. Ou : loisir-travail. Etc. Allez donc causer sur ces bases.
C’est ainsi que la générale réaction de l’oppresseur qui a « écouté » son opprimé est en gros : mais de quoi diable se plaint-il ? Tout ça, c’est épatant.
Au niveau de l’explication, c’est tout à fait sans espoir. Quand l’opprimé se rend compte de ça, il sort les couteaux. Là on comprend qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Pas avant.
Le couteau est la seule façon de se définir comme opprimé. La seule communication audible.
Peu importent le caractère, la personnalité, les mobiles actuels de l’opprimé.
C’est le premier pas réel hors du cercle.
C’est nécessaire.