Colette Guillaumin – Sexe, Race et Pratique du pouvoir

Paru initialement en 1992, Sexe, « Race et Pratique du pouvoir », sous titré « L’idée de Nature » est un livre théorique majeur dans l’analyse matérialiste de deux systèmes de domination : le racisme et le sexisme. La portée critique des notions qui y sont développées est toujours d’une grande importance, bien au delà de ses sujets initiaux.

Rassemblant des essais et des articles écrits entre 1978 et 1992, ce livre précurseur analyse les rapports de domination en démontrant que leurs formes matérielles sont inextricablement liées à leurs formes idéelles à la manière dont la pensée scientifique ou théorique, le « sens commun » et l’idéologie les valident ou les justifient. Le servage, l’esclavage et ce que, la première, Colette Guillaumin a nommé sexage, reposent sur une appropriation rendue possible par l’établissement de catégories prétendument naturelles qui font des dominé·es « des choses dans la pensée elle-même ».

Cliquer sur la couverture pour accéder au pdf du livre :

Le livre à été réédité par les éditions iXe


A lire également de Colette Guillaumin :
« Je sais bien mais quand même » ou les avatars de la notion « race »
L’idéologie raciste

Autour de « Quand céder n’est pas consentir » de Nicole-Claude Mathieu

Une émission radio féministe sur le texte de Nicole-Claude Mathieu : « Quand céder n’est pas consentir. Des déterminants matériels et psychiques de la conscience dominée des femmes, et de quelques unes de leurs interprétations en ethnologie. » réalisée par Dégenrée. Un texte majeur de la théorie féministe matérialiste.

Il y a des textes un peu compliqués, longs, difficiles à lire…. mais pourtant tellement riches ! Pour cette émission, on va parler de ce magnifique texte qui met un grand pavé dans la mare aux théories sur le consentement des dominé-e-s à leur oppression. Une émission de vulgarisation (vraiment accessible) de cet essai, qui éclaire de nombreuses choses dans nos vies…

Écouter l’émission :

ou la télécharger ici (clic-droit > enregistrer sous)

Le texte intégral de Quand céder n’est pas consentir est disponible en brochure sur infokiosques.net.

« Une femme est-elle violée, ‘elle n’aurait pas dû’ (parler à cet homme, se trouver à cet endroit-là, à cette heure-là, être habillée comme ci ou être habillée comme ça), et surtout elle n’aurait pas dû se laisser faire, en un mot, elle n’aurait pas dû se faire violer… D’ailleurs, si une femme est violée dans des circonstances ‘normales’, par son mari, chez elle, dans sa chambre, eh bien elle n’aurait pas dû — pas dû énerver ce pauvre travailleur ou ce cadre cardiaque, pas dû se plaindre de sa fatigue, des enfants, pas dû ne pas consentir, pas dû résister à ses ‘besoins sexuels’ à lui. Résiste-t-elle, il la viole et/ou la menace et/ou la tue.
Elle n’aurait pas dû. Et d’ailleurs, au fond d’elle-même (quelque part, comme on dit en style néo-lacanien), n’a-t-elle pas consenti ??? »

Ce texte est le Chapitre V du livre L’Anatomie politique. Catégorisations et idéologies du sexe, paru en 1991 et réédité aux éditions iXe.

Christine Delphy – Le genre précède le sexe (vf / 39min / 2015)

Un entretien intéressant avec Christine Delphy sur son analyse matérialiste du genre et de son rapport avec la notion de « sexe ».

Pour beaucoup de féministes, le sexe, c’est « biologique », et le genre « social ». Cette distinction a d’immenses vertus. Elle permet de mettre l’accent sur les causes sociales de la situation subordonnée des femmes dans la société – situation produite, organisée et donc pas inéluctable. Un des apports majeurs de la théorie de Christine Delphy est de complexifier l’analyse : il y a aussi, dit-elle, du social dans le biologique dans le sens où la catégorisation d’« homme » ou de « femme » (dont on pourrait penser qu’elle est tout bonnement « naturelle ») est une construction sociale, qui accompagne et même fonde la hiérarchie.

Cet entretien est un bonus tiré du DVD « Je ne suis pas féministe mais… » de Sylvie Tissot et Florence Tissot.

Qu’est-ce que l’action directe ? (vostfr / 5min / 2017)

Une courte vidéo didactique réalisée par les camarades canadiens de SubMedia.

L’action directe est une notion qui est souvent utilisée pour décrire les tactiques anarchistes…. et à juste titre, car c’est l’un des principaux moyens par lesquels les anarchistes mettent en pratique leurs valeurs d’autonomie, d’auto-organisation et d’entraide. Alors… qu’est-ce que c’est exactement?

Télécharger la vidéo ici.

Jules Falquet – Pax neoliberalia (vf / 46m / 2017)

Présentation de Jules Falquet de son livre Pax neoliberalia, publié en 2016 aux Editions iXe, à la librairie Violette and Co.

Solidement ancré dans les recherches féministes sur la mondialisation et sur la dynamique des rapports sociaux de sexe, de race et de classe, ce livre est un essai sur l’emploi méthodique de la coercition au service de la mondialisation néolibérale.

L’instrumentalisation d’une violence en apparence « aveugle », mais en fait très contrôlée, dessine le fil rouge reliant entre eux les quatre textes qui le composent. Proximité troublante de la torture avec la violence domestique (au Salvador)… Création de la classe masculine des “frères d’armes” par le service militaire (en Turquie)… Diffusion des techniques de guerre de basse intensité (au Mexique)… Perpétuation (néo)-coloniale des violences contre les femmes indiennes (au Guatemala)…

Jules Falquet croise différents niveaux d’analyse pour rapprocher des perspectives généralement cantonnées à des sphères séparées. En révélant les continuités qui rattachent la violence misogyne aux méthodes coercitives militaro-policières, cette approche met à jour les logiques genrées de la « gouvernance » mondialisée, ici nommée, par antiphrase, Pax neoliberalia.